Interview réalisée par Franck Michel, maitre de conférences à l’université Paul Cézanne. Thèmes qui me tiennent à coeur: statut de l’animal, droits des animaux, liberté d’expression dans le monde, soutien à la recherche médicale, responsabilité morale dans les choix de consommation: alimentation carnée, commerce éthique et équitable. http://frmichel.free.fr/da/aa/
L’ex-actrice Zara Whites se consacre
désormais au militantisme pour la cause animale.
Dans cette interview, elle nous donne son point
de vue sur les relations que l’humain entretient
avec les animaux et avec la nature.
Zara Whites est une actrice connue dans le monde entier pour ses rôles dans des films pour adultes. Elle est aussi l’auteur de deux livres à succès. Elle a arrêté sa carrière cinématographique et se consacre désormais à sa famille, ses enfants, mais aussi à éveiller les consciences sur les dommages que l’homme commet envers les animaux et la nature.
Les animaux, Zara les respecte puisqu’elle a opté pour le végétarisme en refusant de les manger. Les animaux, Zara les défend activement, en prenant part à des actions auprès d’organisations comme PETA, International Campaigns ou le Comité Radicalement Anti Corrida. Dans cet entretien, Zara va nous éclairer sur ce qui lui tient particulièrement à cœur.
Bonjour Zara,
Bonjour Franck et vous tous !
Tu respectes profondément les animaux et
la nature, notamment au travers de ton mode de
vie végétarien. Comment en es-tu venue à
t’engager dans cette cause ?
J’ai toujours aimé les animaux. Je me rappelle
qu’à quatre ans j’avais tué une mouche (comme
j’avais vu faire les adultes...) et, tout de
suite, je me suis sentie affreusement coupable.
Je me sentais une véritable meurtrière. Je l’ai
enterrée dans mon cactus, j’ai fait une croix
avec deux allumettes, et j’ai récité une
prière... Mais je n’étais pas végétarienne pour
autant, d’ailleurs il a fallu longtemps avant
que je sache que le végétarisme existe.
Puis, il y a deux ans et demi environ, j’ai lu
un livre Nourrir sans faire souffrir,
de John Robbins. Après la troisième page,
j’étais végétarienne... Par contre, tout ce que
je sais maintenant sur ce qui se passe dans les
labos, dans les élevages, pendant le transport,
dans les abattoirs.., je ne le sais que depuis
que j’ai fait des recherches sur Internet. Ce
sont des informations qui, malheureusement, ne
passent pas à la télévision. On ne veut pas «
influencer » les gens à ne plus consommer la
viande, tout de même...
Qu’est ce qui te choque le plus dans l’élevage
des animaux de ferme ?
L’absence totale de respect envers les animaux.
On les entasse par milliers dans des hangars, on
les enferme dans des cages minuscules où ils ne
peuvent plus du tout bouger. Évidemment, cela
les rend fous (il y a de quoi !) et ils
commencent à se battre, à se mordre entre eux...
et donc, hop ! on trouve LA solution : on leur
coupe tout simplement le bec (à vif, ça va de
soi !), la queue, l’appareil génital, les dents,
etc... Tout cela pour gagner plus et plus vite.
On oublie totalement que les animaux sont des
êtres sensibles, ont des émotions, ressentent
des souffrances. On sépare le petit de sa mère
très jeune bien que cela les plongent tous les
deux dans une grande détresse. Par contre, ce
qui est étonnant, c’est que les mêmes personnes
qui méprisent les animaux de ferme, le soir, en
rentrant chez elles, vont promener leur chien...
L’élevage est aussi un problème grave
pour l’environnement, qui est curieusement
rarement mis en avant en France par les
écologistes. Peux-tu nous en dire un mot ?
Oui, parce que, pour produire de la viande, il
faut utiliser une grande quantité de nourriture
et d’eau pour faire grandir les animaux. Donc il
faut cultiver de grandes surfaces, en détruisant
la nature, on épuise les ressources en eau et on
consomme beaucoup d’énergie. Alors que, quand on
consomme directement des végétaux, on est
beaucoup plus économes sur tous ces points. On
sait maintenant que pour produire un kilo de
viande de bœuf, par exemple, il faut dix fois
son poids en eau et dix kilos de céréales...
imaginez-vous combien de personnes on pourrait
nourrir avec cette quantité de céréales ?
Également, les excréments des millions d’animaux
élevés dans des usines se retrouvent finalement
dans la nature et dans l’eau que l’on boit. Vous
savez sûrement ce qui se passe en Bretagne avec
les élevages intensifs. Pour produire de la
viande bon marché, on doit à côté dépenser
beaucoup d’argent pour dépolluer les rivières.
Quels sont tes plats végétariens
préférés ?
Ah, je suis une grande gourmande, j’adore
cuisiner, et j’aime manger ! Il y a tellement de
plats que je découvre maintenant, car la cuisine
végétarienne est une cuisine riche et
élaborée... J’aime un peu de tout : cuisine
indienne, italienne, asiatique... tout dépend de
mon humeur du jour !
Quels conseils donnerais-tu à des
personnes qui souhaiteraient commencer à manger
végétarien ?
Quand on a l’habitude de manger la viande et un
peu de légumes à côté, effectivement, quand on
enlève la viande, il reste peu de choses... Il
faut savoir que ce n’est pas cela, la cuisine
végétarienne. J’invite à aller regarder les
milliers de recettes végétariennes sur Internet,
sur les sites et les blogs... et à faire des
essais, à varier les menus...
Pour remplacer les protéines de la viande, on
peut utiliser les légumineuses, les légumes secs
comme les lentilles et les pois chiches.
Quelquefois, les gens s’étonnent et nous
demandent : « Mais vous mangez quoi alors ? » Eh
bien, il y a quelques centaines de produits à
base animale, et quelques millions de produits à
base végétale. Tout simplement, on cuisine avec
ces quelques millions de choses.
Quelle mesure politique souhaiterais-tu pour
lutter contre la surconsommation de viande et
encourager le végétarisme ?
Les gens, fort malheureusement, comprennent
mieux les choses si cela a un impact sur
eux-mêmes et pas uniquement sur les animaux.
Oui, il faut rappeler que la viande, avec ses
graisses saturées, est la cause de graves
problèmes de santé. Surtout la viande qui sort
des usines d’élevage où tous les moyens sont
bons pour produire vite.
Les végétariens n’ont que très rarement du
cholestérol et des maladies cardiovasculaires.
Aujourd’hui il est unanimement reconnu que ce
sont les fruits et légumes qui sont les
meilleurs pour la santé. Puis, je pense que
banaliser le végétarisme est une bonne chose,
car les gens font toujours comme les autres, et
donc ils ont besoin d’être rassurés, savoir
qu’ils ne seront pas seuls à être ou à devenir
végétariens. La démocratie implique aussi,
d’après moi, que le choix végétarien soit
présent partout dans les collectivités, dans les
cantines scolaires, dans les hôpitaux et les
maisons de retraite. Également, une taxe sur la
viande serait souhaitable. Avec cet argent, on
pourrait créer des aides pour la nourriture bio
dans les cantines, baisser le prix de la
nourriture bio, aider les gens modestes à
acheter des fruits et des légumes.
Est-il facile d’être végétarien
dans la société actuelle ?
Tout dépend de l’endroit où l’on habite. Je
remarque qu’en France c’est beaucoup plus
compliqué qu’en Hollande (mon pays natal), en
Allemagne, en Angleterre... où la chose est déjà
banalisée. Les magasins proposent autant de «
fausse » viande que de la vraie (imitation de la
viande avec des végétaux). Les restaurants ont
un choix végétarien dans tous leurs menus. Les
cantines ont des nutritionnistes qui préparent
des plats spécifiques aux besoins des
végétariens. On a encore un bon chemin à
parcourir en France, mais je vois qu’on est sur
la bonne voie, petit à petit, les gens s’y
intéressent.
Les hommes politiques te semblent-ils
influencés par des lobbies opposés aux progrès
pour les animaux, notamment les lobbies de
l’agriculture productiviste, de la chasse, et de
la corrida ?
J’en suis absolument, intimement convaincue.
Malheureusement. L’argent semble souvent plus
important que la santé des personnes et que le
respect des animaux... Les chasseurs et d’autres
exploiteurs des animaux commencent à avoir
tellement peur (tant mieux qu’ils aient peur,
comme ça ils savent ce que c’est !) qu’ils ont
créé un comité « Noé » pour contrecarrer
d’éventuelles lois en faveur de la protection
animale (avec le nom Noé, c’est un comble ! Noé
aimait et sauvait les animaux !).
Tu sensibilises les consommatrices
et consommateurs de produits de beauté dans le
cadre de la campagne « Bronzez sans cruauté ».
Quel est le problème avec les cosmétiques ?
Comme la plupart des gens, j’ai été moi-même
étonnée quand j’ai appris tout ce qui se passe
dans les laboratoires. On sait que la
vivisection existe, mais sans plus ; ce qu’on ne
sait pas, c’est qu’un grand nombre d’animaux
sans défense souffrent tous les jours,
simplement pour la réalisation de nos produits
de beauté (entre autres) tandis qu’il existe bel
et bien des produits aussi, sinon plus,
efficaces, mais non testés sur des animaux.
Bizarrement on en trouve rarement dans les
grandes surfaces, et donc les gens ne savent pas
où acheter de tels produits. Vois-tu, il n’y a
pas de label qui dit que un tel ou tel produit
est testé... et donc les gens n’y pensent pas.
Eh bien, nous, on essaye de les en informer, de
distribuer des tracts, des listes de produits,
des échantillons... on leur montre ce qui se
passe dans les tests sur les animaux, pour
qu’ils se rendent compte que, s’ils achètent les
produits courants, ils continuent à financer des
souffrances atroces d’animaux. Vous pouvez
consulter sur Internet une
liste de produits non
testés sur les animaux.
Quelle seront tes prochaines actions
publiques pour la défense des animaux ?
Le 11 août, je serai en Espagne, pour dénoncer la corrida. Le 12 août, je serai à Ondres pour "Bronzez sans cruauté" (contre les produits testés sur animaux). Et le 14 août, je serai à Dax, j’ai été invitée par Patricia Zaradny, maintenant présidente du CRAC, pour manifester contre la corrida. Merci de venir nombreux.
Qu’est-ce qui te choque le plus dans la corrida ?
Le fait que des milliers de gens « bavent » devant une cruauté sadique... Ce n’est pas un combat d’égal à égal, ce n’est pas un combat de deux êtres consentants. Un taureau, en pleine souffrance (car avant d’être envoyé dans l’arène, il a déjà été affaibli), reçoit une grande pique dans le cou, on lui met une série de harpons dans le dos... Le pauvre animal court, il ne sait plus que faire, tellement il souffre, et puis, s’il a de la chance, on le libère de sa souffrance, à coups d’épée, dans un bain de sang. Et on trouve cela fort ? Cette souffrance complètement inutile, on appelle cela un spectacle ? Et les gens applaudissent un homme car ils le trouvent « homme », en tuant une bête sans défense qui n’a rien demandé à personne ?
La loi interdit ce genre de cruautés mais pas à certains endroits parce que c’est une tradition. Alors, parce que c’est une tradition, on a le droit d’enfreindre la règle qui dit qu’on ne peut pas torturer un animal ? À certains endroits en Afrique, on coupe le sexe des femmes, cela aussi est une tradition, mais les personnes qui défendent la corrida, sont bien d’accord pour reconnaître que c’est une chose affreuse... que l’on continue à faire sous le prétexte de tradition !
Plus grave encore, les collectivités locales
subventionnent largement les corridas. C’est une
honte que des cruautés envers les animaux, très
impopulaires dans la population, soient
financées par l’argent du contribuable. On voit
là aussi l’influence des lobbies sur certains
politiques.
Quel est le problème le plus important à
régler pour le siècle actuel ?
Devenir un peu moins nombriliste... On n’a plus
le temps de penser qu’à ses propres envies (je
ne dis pas besoins, car un système de
climatisation, des produits de beauté testés,
une troisième télévision et une Mercedès dernier
cri, ce ne sont pas des besoins !).
Il faut que l’on coopère pour redonner la
vitalité à la terre, pour se rendre compte que
tout est lié. Si on fait souffrir la terre, la
terre nous fera souffrir, si on fait souffrir
les animaux, nous aussi, quelque part dans notre
vie, on va le payer... Des crises alimentaires
et des nouvelles maladies le prouvent.
Quelles sont les personnes que tu admires le
plus dans le monde contemporain ?
Ces milliers de personnes qui se démènent tous
les jours pour essayer de faire comprendre cela,
les gens qui tiennent des refuges pour les
animaux abandonnés, des refuges qui ne sont pas
subventionnés par l’État (une honte !). Ces gens
prennent soin des animaux que des personnes sans
cœur ont laissés sur la route. J’admire le
courage des militants pour les droits de l’homme
et des militants pour les droit des animaux. Il
y a quelques personnes connues, qui, dans les
médias, parlent de ces problèmes, essayant de
les faire connaître là où la télévision se tait
! Je pense à Brigitte Bardot, au chanteur
Renaud, et à Nicolas Hulot, entre autres.
Souvent, de par leur passion, ils se font
critiquer par beaucoup, mais ils arrivent à
faire bouger des montagnes ! Personne n’est
parfait, critiquer est toujours facile,
entreprendre des actions, c’est cela qui est
important !
Merci beaucoup Zara pour nous avoir fait part de
façon chaleureuse et sincère de ton point de vue
sur ces problèmes contemporains.
Vous pouvez retrouver les idées, les coups de
cœur, les actions, etc... de Zara sur son
blog Zara écolo régulièrement actualisé et
enrichi.
Photographies Les photos de Capucine